3 décembre 2024

Sr Bruna et Sr Juliette, magnifiques « evergreen » !

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Sr Bruna Menghini, italienne, et sr Juliette Schlicht, française alsacienne, Franciscaines Missionnaires de Marie, viennent de quitter la Tunisie pour le Maroc.

Elles faisaient partie de la belle communauté d’Aïn Draham, où elles étaient très actives et très aimées.

Nous les remercions du témoignage d’accueil et de liesse qu’elles nous ont toujours offerts, aussi bien que de l’interview dont elles nous font cadeau.

Que votre présence lumineuse continue de nous parler de Dieu, chères sœurs Bruna et Juliette !

Comment avez-vous découvert votre vocation ?

Sr B. : C'est bien simple : j'étais très petite et me préparant à la première Communion, j'ai appris que beaucoup d'enfants n'avaient pas la chance de connaître Jésus, le reste a suivi ! Il y avait une ambiance "missionnaire" en famille et au village ....

Le cheminement a été long : école, catéchisme, l'Action Catholique, la paroisse, la vie tout court, et l'attente. A 26 ans j'ai finalement rejoint les FMM, avec tous mes désirs au fond du cœur.

Sr J. : - Déjà toute jeune, je sentais en moi un besoin de donner et de recevoir, un besoin d'aimer et d'être aimée.

Et souvent, je répétais dans mon cœur : "lorsque je serai grande, je m'occuperai d'enfants abandonnés."

Le temps a passé. Une nuit, j'ai fait un rêve ; j'étais dans une barque avec Jésus. La mer était agitée, j'avais peur et Jésus m'a dit : " n'aie pas peur" !

Ce rêve me travailla beaucoup, je cherchais à comprendre la signification. Je commençais à me rendre à la messe tous les matins, puis un jour je me suis rendue chez des sœurs qui n'habitaient pas loin de chez moi. Elles avaient une chapelle dont l'entrée secondaire était ouverte au public et elles étaient en prière devant le St Sacrement exposé du matin au soir ! C'était les sœurs franciscaines !

Petit à petit je me suis renseignée...et un jour j'ai demandé mon admission chez elles !!!!!!!!!

Comment êtes-vous arrivées en Tunisie et quelle est votre expérience dans ce pays ?

Sr B. : A ma sortie du noviciat j'étais à Rome, c'était en 1966 et le Pères Blancs venaient de transférer à Rome le PISAI (Institut Pontifical d’Etudes Arabes et d’Islamologie), alors IPEA ; ils cherchaient les congrégations intéressées pour la formation qu'ils pouvaient offrir et mes supérieures m'ont simplement envoyée (sans me consulter !). Pour moi ce fut une découverte ! A travers l'étude de la langue arabe mes professeurs transmettent l'amour pour une mission que je ne connaissais pas et j'étais heureuse. Un souvenir reconnaissant ici pour le père Borrmans et le père Gaspare, des témoins passionnés !

Je suis venue en Tunisie durant l’été 1966 pour une première initiation à la langue arabe et la connaissance du pays, tout à découvrir dans ses contrastes entre beauté, traditions, accueil et précarité de la vie (spécialement à Aïn Draham).

Mais par la suite ma vie missionnaire a été surtout en Libye même si les occasions de revenir en Tunisie ne manquaient pas.

C'est en 1980 que j'ai été envoyée à Aïn Draham où je suis restée sept ans : nous étions huit ou neuf sœurs toutes bien engagées dans de multiples activités : jardin d'enfants, école de préformation, accueil et relations fraternelles avec le village. Déjà de ce temps-là nous étions une toute petite présence chrétienne au milieu d'un peuple de croyants musulmans où nous avions "notre place" bien reconnue.  Personnellement j'étais spécialement engagée dans les activités d'aide aux plus démunis et j'ai alors découvert la situation défavorisée des gens de la montagne et de ceux qui partaient vers le village dans un mouvement de "modernisation" très précaire.

Me voici de retour à Aïn Draham en 2013 : le village a changé, c'est incroyable ! Les sœurs de la communauté sont maintenant quatre ou cinq. Notre jardin d'enfants est toujours bien actif, les gens tapent encore à notre porte en quête d'aides, les amis demeurent ou se renouvellent, l'accueil est ouvert....

Qu’est-ce qui m’a marquée le plus en Tunisie ? La liste pourrait être très longue… Je retiens deux aspects :

- l'évolution du pays : la modernité est présente partout, style de vie, magasins, écoles, habillement, administration, transports, etc.…, mais il y a un fond qui persiste, c'est ce sens de dépendance et de non autonomie inné dans le milieu. Comment apporter des sources de ressources pour les familles, des possibilités stables de travail et de revenu ?

- mon évolution à moi par rapport à la découverte de l'autre, différent bien sûr mais profondément "frère/sœur" ; nous partageons les valeurs fondamentales, nous sommes complémentaires avec l’autre. Je rends grâce à Dieu pour ce cheminement qu'il m'a donné de faire tout au long de ma mission ici.

Sr J. : C'est très simple : je suis arrivée en Tunisie par obéissance à mes supérieures ! Je savais que les sœurs, du fait qu'elles sont missionnaires, peuvent être envoyées dans le monde entier, là où elles sont présentes. J'ai donc reçu mon obédience la veille de mes premiers vœux et quelques jours après, j'ai pris le bateau pour la Tunisie.

Mon expérience dans ce pays ? Je peux dire que j’ai vécu plusieurs expériences du fait que ma première arrivée remonte à octobre 1959 !

1 ère maison : Carthage, "orphelinat Ste Monique" qui devint "pensionnat"...puis Aïn Draham... puis... puis...

Ce que je peux dire c'est que j'ai été frappée, dès le début, par la gentillesse des gens, l'accueil "généreux" et joyeux surtout en visitant des familles, les salutations dans la rue mais surtout l'emploi du mot de Dieu dans les conversations !

Qu’est-ce qui à présent vous a amenées au Maroc ?

Sr B. : Je porte beaucoup de printemps sur mes épaules, le temps est venu de reconnaître que les forces baissent tout doucement et donc j'ai accepté de rejoindre les sœurs de mon âge pour continuer "autrement" la mission. Ce n'est pas facile de partir mais je le vis comme un nouvel appel pour une vie moins active mais toujours fondée sur la prière, la fraternité et l'accueil, dans l'offrande et l'attente des surprises de Dieu.

Sr J. : Comme j'avance en âge, mais que je suis encore valide, et avant d'être un poids pour mes sœurs à Aïn Draham, il vaut mieux aller à Casablanca, au Maroc, où la congrégation possède une maison pour les sœurs ainées !

Quel message souhaitez-vous nous confier ?

Sr B. : Ne sommes-nous pas appelés à être "chrétiens au milieu des/avec les musulmans" ? Je souhaite que la présence en Tunisie puisse être renforcée et approfondie pour continuer le pèlerinage de la rencontre avec tous ceux que le Seigneur mettra sur son chemin, au nom de Jésus qui nous appelle.

MERCI au Seigneur pour tout ce qu'il m'a donné de vivre, merci à toutes les personnes qu'il a mises sur mon chemin et qui m'ont marquée tout au long de ces années !

Sr J. : Le message que je laisse ce sont les paroles du Pape François, qui nous invite à « faire mémoire de son passé pour "ALLER DE L'AVANT"...vivre une vieillesse tranquille, religieuse, féconde et joyeuse ».

Mais je n'oublierai jamais ce beau pays, la Tunisie, ni TOUS ses habitants, surtout auprès du Seigneur.

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