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Notre chère Sœur Suzanne TIXIER, Franciscaine Missionnaire de Marie, nous a quittés le 9 février 2025, en nous laissant des souvenirs et un exemple inoubliables.
Nous vous proposons un petit portrait tracé par ses sœurs, l’homélie du P. Narcisse à ses funérailles et le témoignage d’une ancienne enseignante qui l’avait connue au Maroc : ils font tous ressortir la beauté de sa personne.
Franciscaines Missionnaire de Marie
Sœur Suzanne est née à Montaigut en Combrailles – (France) le 29 décembre 1933. Elle avait une sœur jumelle et un frère.
Elle est entrée chez les sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, aux Châtelets, le 8 décembre 1958 ; elle a commencé le noviciat le 13 juin 1959, a prononcé ses premiers vœux le 15 décembre 1961 et les vœux perpétuels le 17 septembre 1965.
Ensuite, elle a fait ses premières expériences dans les communautés de Paris, Vanves et Strasbourg.
Le 29 septembre 1966 elle est arrivée à Casablanca, au Maroc, où elle a été responsable du foyer et en même temps elle a fait des études d’Arabe.
Après 2 ans, elle a été envoyée à Marrakech. Elle y est restée 11 ans, en enseignant dans l’école des sœurs.
En 1979, elle est retournée en France pour une année sabbatique de ressourcement.
Avec des nouvelles forces, Sœur Suzanne est arrivée à Tunis le 2 septembre 1981 et a travaillé à l’école. De là, elle est partie dans le sud de la Tunisie, à Kasserine.
Elle a travaillé d’abord à la prison avec les femmes et, après une année, comme assistante sociale en aide aux familles nécessiteuses.
A l’âge de la retraite, en 1997, elle est retournée à Tunis. Les responsables lui ont confié différentes tâches : secrétaire provinciale, aide économe, responsable de la maison de Rue de Russie, responsable des sœurs âgées à Khaznadar, puis, jusqu‘en 2024, enseignante de français aux adultes aussi bien qu’aux enfants.
Elle est restée active dans le service jusqu’ à ses derniers jours, quand le Seigneur l’a appelée, après une courte maladie, le 9 février 2025 : elle avait 91 ans, 65 ans de vie religieuse et 44 ans de mission en Tunisie.
Chère sœur Suzanne nous disons merci à Dieu et à toi pour ta vie toute donnée, dans le silence, la prière, l’ascèse, la disponibilité, l’accueil, l’amour du travail et de la mission. Repose en Paix et prie pour nous.
Narcisse DJERAMBETE, CM - Curé de Saint Augustin et Saint Fidèle, la Goulette
HOMELIE POUR LES FUNERAILLES DE LA SŒUR SUZANNE
Frères et sœurs, et vous tous et toutes, amis de Sœur Suzanne,
Quand un être cher vient à mourir, ce que nous faisons spontanément, et à juste titre, c'est évoquer le souvenir des événements les plus marquants, les plus chargés d'émotion, que nous avons pu vivre avec le défunt. Les premiers chrétiens l'ont certainement fait pour Jésus et pour les apôtres. Nous l'avons fait aussi pour Sœur Suzanne en pensant à ses 65 années consacrées à Dieu dans la vie religieuse, son parcours de service, de mission et d’amour marqué par un engagement profond au Maroc et en Tunisie depuis 1981, spécialement en pensant aux derniers mois de sa vie.
Les textes liturgiques que nous venons d’entendre nous orientent vers la source de toute vie et de toute béatitude. Dans l’extrait du Livre de la Genèse, nous voyons Dieu créer l’homme et lui confier la mission de cultiver et garder le jardin. N’est-ce pas ce que Sœur Suzanne a fait tout au long de sa vie ? Elle a cultivé et entretenu avec amour le champ de l’instruction, se donnant sans relâche à l’alphabétisation et à l’initiation à la langue française.
Elle portait une attention particulière aux peuples marocain et tunisien, partageant avec eux bien plus que la langue : elle leur transmettait la lumière du savoir, avec passion et dévouement. Une petite anecdote illustre bien cet engagement : alors qu’elle enseignait à des femmes tunisiennes, elle fut émerveillée de voir l’une d’entre elles réussir à lire son premier texte en français. Avec des larmes de joie, cette femme s’exclama : "Merci, ma sœur, aujourd’hui, je vois le monde différemment !" Par son engagement dans l’alphabétisation, Sœur Suzanne ouvrait des portes, donnait de l’espérance et transformait des vies.
Elle fut aussi une présence attentive et aimante auprès des personnes âgées et des plus pauvres dans les quartiers où elle a vécu, comme à Khaznadar, à la rue de Russie, et au foyer de Rades où elle se rendait fréquemment en visite. Sa dernière visite à Rades remonte seulement à vingt jours : elle y était allée avec un groupe pour partager, écouter et animer. Suzanne a ainsi tissé des liens profonds avec le peuple tunisien.
Dans sa communauté à la rue de Russie, où elle vécut ses dernières années, elle ne cessa jamais de se donner. Malgré son âge et son handicap, elle demeurait disponible, participant avec ferveur aux activités de la communauté. Elle illustrait ainsi les paroles du psaume : "Vieillissant, il fructifie encore."
Nous, prêtres, qui venions célébrer l’Eucharistie dans sa communauté, avons toujours été accueillis par elle avec une joie simple et sincère, signe de son amour profond pour le service que nous rendons.
Dimanche dernier, quelques heures avant son grand départ, j’ai eu la grâce de lui rendre visite à la clinique Saint Augustin où elle était admise en réanimation pour une insuffisance respiratoire. Nous avons prié ensemble en compagnie de deux de ses sœurs de la communauté.
Après avoir reçu la sainte communion et conclu notre courte prière, j’ai laissé entendre à la Sœur Suzanne que j’allais continuer mon chemin à Rades pour l’Eucharistie avec les résidents. Elle m’a chargé de les saluer de sa part tout en ajoutant, avec une lucidité saisissante : "Peut-être que je ne les reverrai plus." Quelques heures plus tard, elle s’est endormie dans la mort.
L'évangile des Béatitudes que nous avons entendu résonne avec une force particulière aujourd’hui. Heureuse, oui, bienheureuse est Sœur Suzanne, elle qui fut pauvre de cœur, douce et miséricordieuse, assoiffée de justice et pleine de compassion. Sa vie fut un écho vivant de ces paroles du Christ.
Nous pleurons aujourd’hui son absence, mais nous savons que son départ n’est pas une fin, mais une entrée dans la plénitude de la Vie. Comme le dit saint Paul : "Si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui." (Rm 6, 8)
Puissions-nous, à son exemple, continuer à servir avec joie, humilité et persévérance le peuple tunisien que Dieu nous a confié.
Dans notre peine, ensemble avec les Franciscaines Missionnaires de Marie, implorons le Seigneur avec confiance pour notre sœur Suzanne, afin qu’il l’associe au bonheur de ses amis, les saints. Seigneur, accueille notre sœur Suzanne près de toi, où tout est lumière et paix. Amen.
Témoignage d’une ancienne enseignante de Marrakech, au Maroc
Chère sœur Suzanne,
Pour moi, tu étais un membre de la famille, tu étais une sœur sincère, conseillère, serviable et m'enveloppant de ta bonté.
Je ne peux pas oublier certains services que tu m'as rendus.
Une fois j'ai laissé ma fille encore bébé endormie toute seule à la maison pour aller travailler à l'école ; tu m'as vue stressée, tu es allée à la salle des maîtresses, tu as ouvert mon sac, tu as pris les clés de la maison et tu es allée chercher mon bébé. Arrivée à l'école, tu m'as rassurée en me la montrant par la fenêtre de la classe où je donnais cours. J'avais les larmes aux yeux, c'était très touchant !
Un autre moment inoubliable, mon mari devait passer un examen à Rabat, avec les sœurs de la communauté, tu as organisé une prière pour lui.
Chère sœur Suzanne, tu avais un grand cœur débordant de chaleur bénéfique.
Que le Seigneur ait ton âme !